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Dr Ousmane Kaba n’exclut pas d’appartenir à un gouvernement d’Alpha Condé: « Moi je n’ai rien contre le président qui est un grand frère à moi » (interview)

Après un court séjour à l’étranger, où il s’est entretenu avec les guinéens vivants en France, aux Etats-Unis, à Doubaï mais aussi à Dakar, Docteur Ousmane Kaba, le président du parti PADES ouvre son cœur à votre quotidien en ligne. Dans cet entretien qu’il a accordé en début de soirée de ce mardi 10 Avril 2018 à nos confrères de  Globalguinee.infos, il a été question de toucher en brèche la situation socio-politique de la Guinée, du prochain remaniement ministériel, sans oublier bien sûr de son récent déplacement à l’étranger. Au cours des discussions, l’ancien ministre de la République et Fondateur de la plus grande université privée du pays (Koffi Annan) n’exclut point un probable retour de sa personne au sein d’un gouvernement au temps de la gouvernance d’Alpha Condé, mais pose des conditions. Docteur Ousmane Kaba a également profité du micro qu’on lui a tendu dans son bureau, pour faire des déballages par rapport aux fraudes massives enregistrées dans plusieurs parties de la Guinée lors du dernier scrutin, précisément dans son propre village natal. Exclusif…

Tout d’abord, vous avez fait plusieurs semaines à l’étranger. Vous avez rencontré les guinéens qui vivent aux Etats-Unis, et en France. Dites-nous sur quoi ont porté vos échanges avec ces derniers ?

Dr Ousmane KABA: c’est vrai que je viens de l’étranger. Au départ c’était pour me reposer puisque je sortais d’une campagne longue et des élections traumatisantes. Mais effectivement, arrivé à paris, j’ai eu à rencontrer les guinéens de France. Aux Etats-Unis aussi, j’ai fait des consultations à Washington, j’ai fait un meeting à New-York, et un deuxième meeting dans une mosquée à New-York. Et puis, je me suis retourné à paris pour aller à Doubaï, où j’ai rencontré beaucoup de guinéens. Ensuite, je suis passé par Dakar, où j’ai rencontré beaucoup de guinéens. Partout, je me suis rendu compte que les guinéens sont très inquiets, tout le monde entend ce qui se passe au pays. Et vous savez les guinéens sont très patriotes quand ils sont à l’étranger. Ils ont le pays serré sur le cœur et ils ressentent les soubresauts de la Guinée. Donc, j’ai eu à discuter avec eux de l’évolution économique, sociale et politique de la Guinée.

De retour au bercail, comment observez-vous la situation politique de notre pays?

J’observe simplement qu’il y a un calme que je qualifie de précaire, dans la mesure où, tous les problèmes qui étaient à l’origine des troubles n’ont pas été traités, ils sont juste évacués aujourd’hui. Donc il y a un calme on s’en réjouit, mais les problèmes ne sont pas du tout réglés.

Après les élections locales, le comité de suivi se retrouve à nouveau pour parler des contentieux électoraux. Cela intervient après qu’Alpha Condé le chef de l’Etat guinéen a rencontré certains leaders politiques tout en excluant d’autres comme vous, alors que vous aussi, vous avez dénoncez des cas de fraudes orchestrés contre votre formation politique dans certaines parties de la Guinée. Qu’en dites-vous ?

En fait il y a eu fraude sur toute l’étendue du territoire national. Et comme les élections m’ont trouvé moi à Kankan, en Haute-Guinée, j’ai observé là-bas les fraudes d’une ampleur inégalée. Vous savez les grandes fraudes c’est en Haute-Guinée. A Karifamoria, j’ai vu des personnes qui ont été payées pour bourrer les urnes. Et il y a eu des bagarres. Eux, ils ont dû fuir pour se réfugier dans les villages environnants (…) tout était orchestré pour que je perde même dans mon village, ce qui est ridicule parce que le RPG n’a pas vingt électeurs dans le village de Karifamoriya. J’ai gagné là-bas, mais ils ont bourré les urnes dans les villages qui entourent Karifamoriyah. A Kankan, nous avons eu des bureaux fictifs. Dans toute la Haute-Guinée d’ailleurs, parce que à Kouroussa et un peu partout, à Boké où nous avions des représentants, à N’zérékoré, Macenta, Guéckédou en Forêt. J’étais très présent aussi en Moyenne-Guinée. Partout, nos responsables nous ont remonté des cas de fraude. Soit, parce que les cartes électorales qui n’avaient pas été prises par les électeurs ont été distribuées aux chefs de quartier sur lesquelles on a bâti des certificats de dérogation en masse. Il y a eu les bourrages d’urnes aussi. Il y a eu l’expulsion des représentants des partis politiques pendant la centralisation, ce qui est illégale. Moi je n’ai jamais vu une élection où il y avait tant de fraudes. J’ai tout à l’heure dit qu’on a qu’un calme précaire parce que quand on va dans ces conditions ? Comment on va faire confiance à cette CENI ? A ce pouvoir pour organiser les prochaines élections ? Ça va être très difficile. Moi j’ai eu ici le sentiment que la tête de la CENI ici était propre et que le corps était complètement pourri à l’intérieur du pays. Donc, il va falloir réfléchir sur les solutions à apporter parce qu’il faut qu’il y ait de la crédibilité dans les élections. Les crises post-électorales sont toujours dues aux manipulations grossières des élections.

Alpha Condé a rencontré Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré à la présidence de la République, avec quel œil avez-vous observé ces rencontres au palais Sékhoutouréyah Docteur ?

Moi je ne suis pas de ceux qui estiment parce qu’il n’a pas rencontré tout le monde, rein n’est fait. Ce n’est pas du tout mon cas, parce que je ne vois pas les problèmes d’une manière individuelle. Que ce soit Cellou, que ce soit Sidya, ils ont dénoncé des problèmes qui sont communs à tout le monde. Donc à partir de là, nous examinons ce qui va se passer, puisque les solutions trouvées seront toujours des solutions globales au niveau du pays. Dans la mesure où nous estimons que leur démarche est une démarche qui reflète le point de vue de tout le monde. Il n y a pas de problème, moi je n’ai pas de problème personnel.

Est-ce que vous avez eu à rencontrer ces deux leaders politiques pour qu’ils vous remontent ce qui a été dit à Sékhoutouréyah ?

Non, malheureusement je n’étais pas là. Moi je viens juste d’arriver après toutes ses rencontres. Donc, je n’ai pas pris contact avec eux. Mais, je suis en contact avec et Sidya et Cellou. Il suffit de les téléphoner pour me faire le compte-rendu. Mais j’ai déjà les échos de ces rencontres puisqu’il n’y a pas eu de solution, c’est des rencontres de décrispation. Donc, les problèmes ont été renvoyés au comité de suivi. C’est pour cela que j’ai dit, rien n’est résolu pour le moment.

Le président Alpha Condé annonce un remaniement ministériel. Quel genre de gouvernement lui proposez-vous ?

Ecoutez, moi je n’ai pas à proposer de gouvernement (rire). Le président de la République, il est souverain et c’est lui qu’on juge. Il est responsable de son gouvernement.

Et s’il (Alpha Condé) vous faisait appel au poste de premier ministre, quel sera votre réponse ?

Ben je ne pense pas qu’il va le faire !

Et s’il le faisait Docteur ?

Je ne peux pas vous répondre pour une question qui n’est pas encore posée. Vous savez en politique on ne dit jamais, jamais. Mais on verra. C’est une question de condition simplement. Il faut que quand on rentre dans un gouvernement qu’on ait la possibilité de travailler. Si c’est le cas, il n’y a pas de problème. Ce n’est pas une question personnelle. Moi je n’ai rien contre le président de la République qui est un grand frère à moi. Nous avons des divergences politiques, et que chacun a droit de suivre son chemin, mais ce n’est pas un problème de haine. Moi ma politique est dénouée de haine. Que ça soit le président de la République à qui on doit le respect de son rang et de son âge. Que ça soit les autres acteurs politiques, je n’ai vraiment pas de problème de personne à mon niveau. Je ne jamais eu d’ailleurs.

Interview réalisée par Alpha Madiou BAH
(+224) 666 117 586 / bahalphadaf@gmail.com

 

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