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De la plainte du Ministre Damantang contre le député Ousmane Gaoual de l’UFDG (Marco)

Disons-le clairement, la plainte que le ministre Albert Damantang Camara porte contre le député Ousmane Gaoual Diallo n’est pas dirigée contre la classe politique dans son ensemble, encore moins la manifestation d’une censure sournoise contre la presse, comme certains voudraient le faire croire. La dernière sortie de la HAC également n’est pas un procès contre la presse, mais invite les médias à faire preuve de professionnalisme et ne pas se faire le relais des déclarations haineuses et diffamatoires de certains hommes politiques. Pas plus que les procès intentés ici et là contre certains médias ou les désagréments rencontrés par des confrères à l’occasion de l’exercice de leur profession ne sont le fait d’une conspiration ourdie on ne sait par qui pour réduire la presse au silence.

La situation interpelle sans nul doute, mais il serait trop facile, nous semble-t-il, de travailler à se faire peur soi-même en parlant de répression systématique et de violation de la liberté de presse à moins de vouloir se ridiculiser davantage aux yeux d’une opinion publique nationale témoin de tout et de l’opinion internationale qui en a vu pire ailleurs sans pour autant crier au loup. Incontestablement, on souhaite le meilleur pour la presse et ce meilleur est une conquête permanente, mais ce n’est pas une raison pour cracher dans la soupe et voir partout et dans tout des tentatives d’entraver sa liberté. A la vérité, à bien d’égards ce qui se passe actuellement est un phénomène tout à fait normal et naturel de maturation et de maturité, in fine de quête d’excellence qu’il faudrait savoir analyser et interpréter pour en tirer le meilleur parti au lieu de professer pour le statu quo et la médiocrité.

S’il est parfaitement vrai qu’il ne fait pas bon de se retrouver en procès, puisque cela signifie un tort causé à quelqu’un et un différend qu’on n’a pas réussi à résoudre à l’amiable et la preuve que quelqu’un estime qu’on a mal fait son travail, il est aussi vrai qu’un procès est une éventualité tout à fait naturelle dans la fonction. Bien souvent, et même plus souvent qu’on ne le croit, un bon procès vaut mieux qu’un mauvais arrangement, ce dernier pouvant être porteur de germes susceptibles de conduire à des règlements de comptes aux effets dramatiques. Il faut donc relativiser les critiques et les opinions toutes faites et ne pas se contenter d’une lecture au premier degré.

Dans tous les cas, les journalistes doivent s’approprier le combat pour la liberté de la presse en faisant en sorte que celle-ci soit une conquête de toute la société et qu’elle soit à son service. L’homme de média doit se servir de la liberté de presse pour servir la société et non pour se servir lui-même ou servir des desseins inavoués. C’est pourquoi, il faut voir dans les procès intentés une exigence d’excellence de la part de la société qui ne peut plus se satisfaire des approximations, des colportages de ragots de gargotes et des braconnages dans l’honneur et la dignité d’autres citoyens. Le défi aujourd’hui, c’est celui du professionnalisme. Cela passe par des remises en cause dont certains confrères ne veulent pas.

Ramené à la plainte de Damantang contre Gaoual cela voudrait dire qu’il est parfaitement inacceptable que des hommes politiques accusent et injurient un citoyen quel qu’il soit à travers les médias. Ce serait la porte ouverte à tous les abus d’autant qu’on a plus d’une raison de douter de la bonne foi de la manoeuvre. De là à dire qu’on veut empêcher des citoyens de s’exprimer, il y a un pas que tout naturellement certains ont vite fait de franchir. Ces bonnes gens oublient tout simplement qu’elles sont dans une société organisée et démocratique et que ce faisant elles se doivent de respecter un minimum de règles, celles-là mêmes qui permettent leur existence.

Il s’agit donc pour les hommes politiques de savoir raison garder et d’avoir l’humilité de reconnaître les efforts qu’il leur reste à faire pour être à la hauteur des ambitions et des besoins actuels des Guinéens. Toute autre analyse ne serait que pure fuite en avant et serait synonyme de culture de la médiocrité car il n’y a pas pire ignorant que celui qui s’ignore. Nous prenons le pari, que ce sera la leçon de cette plainte.

Abou Maco, Journaliste

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